في صيف سنة 1871 عندما ثارت قبائل ناحية بوسعادة مع الشيخ المقراني طلب من الرائد الفرنسي ترومال الرحيل بجيشه من مدينة سور الغزلان إلى بوسعادة وضواحيها ( مرورا على عين خرمام وبنزوه والديس- أولاد سيدي إبراهيم) لمحاربة الثوار ، حيث روى شهادته حول تحرّكاته العسكرية ووثّقها ، وسنحاول إعداد ترجمة لشهادته إلى اللغة العربية في القريب العاجل لتعميم الفائدة :
LE
LIVRE D’OR
DE L’ALGÉRIE
HISTOIRE POLITIQUE, MILITAIRE, ADMINISTRATIVE
ÉVÉNEMENTS ET FAITS PRINCIPAUX
BIOGRAPHIE DES HOMMES AYANT MARQUÉ DANS L’ARMÉE
LES SCIENCES, LES LETTRES, ETC.
DE 1830 A 1889
PAR
NARCISSE FAUCON….
Dans les derniers jours de juillet, le lieutenant-colonel Trumelet
recevait l’ordre de réunir tous les éléments nécessaires pour
aller délivrer et ravitailler le poste de Bou-Sâada, que l’ex-caïd
Sâïd-ben-Bou-Daoud tenait bloqué depuis trois mois. Les forces
insurrectionnelles dont disposait ce rebelle étaient réunies sur les
eaux d’Ed-Dis, ksar situé à 12 kilomètres au nord de Bou-Sâada.
Cette colonne se composait de 77 offi ciers, 1,964 hommes de
troupe, 308 chevaux et 184 mulets.
Indépendamment de cette force régulière, un goum de 500
chevaux marchait avec la colonne.
Le grand convoi se composait de 1,500 chameaux et de 500
mulets.
Deux sections d’artillerie, à l’effectif de 2 offi ciers et de 84
hommes de troupe, emmenaient 4 obusiers de 4 rayés de montagne.
La colonne levait son camp d’El-Grimidi le 5 août. En raison
de l’extrême élévation de la température (60° centigrades) et de
la qualité des troupes, — jeunes et non acclimatées, — le commandant
de la colonne est obligé de scinder en six étapes les trois
marches qui séparent Sidi-Aïça de Bou-Sâada.
La colonne bivouaque successivement à El-Anseur-Ferhat, à
Oudeï-El-Hadjel, sur l’Ouad-El-Garsa, et à Aïn-Khermam.
A deux heures de l’après-midi, le 8 août, le lieutenant-colonel
constitue une colonne légère (l’infanterie à dos de mulet) et
escalade les pentes escarpées du Djebel-Sallat, pour aller chercher
la soumission de la fraction religieuse des Oulad-Sidi-Rabah, laquelle
habite le ksar de Bennezouh, village perché au sommet du
Sallat, et distant de 15 kilomètres du camp d’Aïn-Khermam.
Ces marabouts rebelles, qui n’avaient jamais été visités par
une colonne française et qui n’avaient point prévu notre apparition
sur leurs sommets rocheux, n’avaient pas préparé la résistance. Le
colonel donne l’ordre au cheikh de rassembler sans retard sa djemâa.
Après avoir reproché sévèrement à cette assemblée d’avoir
pactisé avec les insurgés, il lui ordonna de réunir toutes les armes
existant dans le ksar et de venir les déposer à ses pieds. Le colonel
recommande surtout aux membres de ce conseil de ne point en
oublier, s’ils ne veulent qu’il charge les chasseurs d’Afrique de
faire eux-mêmes les perquisitions dans leurs demeures.
Cette menace décide la djemâa à faire la chose en conscience,
et, au bout de quelques minutes, des armes de toute nature, de tous
les modèles et de tous les temps viennent s’amonceler aux pieds du
colonel. Il fait connaître ensuite au cheikh Kouïder-ben-Ahmed et
aux membres de la djemâa qu’ils sont ses prisonniers.
Cette opération terminée, la colonne légère regagnait son
camp d’Aïn-Khermam ; elle y était de retour à neuf heures du
soir.
Le lendemain 9, la colonne se dirigeait sur Ed-Dis. C’était
sur ce point que Sâïd-ben-Bou-Daoud, le chef des rebelles dans le
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Hodhna, avait établi ses bandes, et que depuis quarante-sept jours
il investissait Bou-Sâada, qu’il attaqua à plusieurs reprises, mais
sans succès. A l’approche du colonel Trumelet, et bien qu’il l’eût
menacé de l’attendre sur la route pour le combattre, Sâïd-ben-Bou-
Daoud s’était enfui en toute hâte dans le sud-est et ses contingents
s’étaient dispersés.
La population d’Ed-Dis avait également abandonné le ksar à
l’approche de la colonne; une partie s’était dirigée dans l’est; une
autre avait cherché un refuge dans le Djebel-El-Birech, montagne
rocheuse et escarpée dominant le ksar à l’ouest. Le commandant de
la colonne décidait qu’un détachement de 150 hommes pris dans
les zouaves et dans les tirailleurs algériens fouillerait la montagne
et donnerait la chasse aux rebelles qui s’y étaient retirés, et qui s’y
croyaient en pleine sécurité, considérant ce pic rocheux comme
inaccessible à nos soldats.
Zouaves et tirailleurs escaladèrent les pentes abruptes du
Birech avec un remarquable élan, et sans répondre au feu des rebelles
embusqués dans les anfractuosités des rochers. Les insurgés
étaient successivement délogés de leurs retraites et traqués vigoureusement
dans la montagne. Après une chasse de trois heures,
l’ennemi disparaissait en laissant douze cadavres entre nos mains,
ainsi qu’un butin considérable.
Le colonel livrait ensuite le ksar aux fl ammes, et employait
la mine pour faire sauter les constructions sur lesquelles le feu
avait été sans effet. Il ménageait cependant les maisons des gens
d’Ed-Dis qui s’étaient réfugiés à Bou-Sâada dès le commencement
de l’investissement, et y plaçait des sauvegardes pour assurer leur
protection. La mosquée, qui renfermait les tombeaux de la famille
de Sid-Es-Sakhri-ben-Bou-Dhiaf, caïd des Souamâ, lequel nous
était resté fi dèle, fut également respectée.
Le soir même de ce jour, le cheikh de la fraction d’Ed-Dis,
Sid Rahmoun-ben-Es-Snouci, apportait au colonel sa soumission
et ses armes. Le commandant de la colonne lui ordonnait en même
temps de lui amener sa djemâa, qu’il retenait prisonnière. Les jardins
d’Ed-Dis et ses palmiers avaient été respectés.
Le lendemain, 10 août, la colonne arrivait à six heures et de—
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mie du matin devant les jardins de palmiers-dattiers de Bou-Sâada.
Sa nombreuse population indigène, dont le chiffre total s’élève à
4,000 individus, attendait la colonne en dehors de ses murs et la saluait
à son passage de ses acclamations et de ses souhaits de bienvenue
; elle recevait enfi n le colonel comme un libérateur. Pendant
une heure, la poudre môle frénétiquement sa voix stridente aux
cris de la foule et aux aigus toulouïl des femmes indigènes. C’était
une joie bruyante, débordante, excessive, qui donnait la preuve de
la frayeur qu’avaient fait éprouver à cette population la présence
de Ben-Bou-Daoud autour des murailles du ksar, et ses attaques
réitérées.
Le quartier haut de Bou-Sâada, dont la conduite avait été
fort équivoque avant l’arrivée de la colonne, montrait aujourd’hui
un enthousiasme exubérant, témoignant qu’il avait beaucoup à se
faire pardonner. S’il fallait en croire ces Bou-Sâadiens, nous n’avions
pas de serviteurs plus dévoués. Quoi qu’il en soit de la fi délité
actuelle des indigènes de ce quartier, le colonel donna l’ordre d’arrêter
et d’incarcérer les gens qui lui avaient été signalés comme les
principaux meneurs, ou qui s’étaient le plus compromis.
Les prisonniers et otages qu’avait amenés de Bennezouh et
d’Ed-Dis le colonel Trumelet furent mis en lieu sûr, en attendant
la décision de l’autorité locale ; car Bou-Sâada relevait alors de la
subdivision de Sétif et de la province de Constantine.
Bou-Sâada ayant été délivré de ses ennemis et réapprovisionné
pour trois mois ; la sécurité, la paix et les communications
ayant été rétablies dans le ksar et entre Bou-Sâada et Aumale, la
mission de la colonne étant en un mot terminée, et de la façon la
plus heureuse, en raison surtout des conditions de température et de
la qualité des troupes composant la colonne, le colonel, après avoir
séjourné à Bou-Sâada pendant quatre jours, reprenait le 15 août la
direction d’Aumale. Il emmenait avec lui dix des personnages les
plus infl uents, les plus dangereux et les plus compromis de la ville
haute de Bou-Sâada et des ksour d’Ed-Dis et de Bennezouh
Le lieutenant-colonel Trumelet