Arrestation de Ratko Mladic: Des souvenirs embarrassants pour la FranceMONDE - Un général français aurait pu empêcher la prise de Srebrenica par les troupes du Boucher des Balkans...L'
arrestation de Ratko Mladic et son procès à venir pourraient réveiller des souvenirs embarrassants pour la France sur
le massacre de Srebrenica, qui a coûté la vie à 7.000 à 8.000 civils bosniaques en 1995.
L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie,
considéré comme l'organisateur de ce massacre,
a été arrêté jeudi en Serbie seize ans après son inculpation pour
génocide et doit être transféré vers le Tribunal pénal international
pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) dans les prochains jours.
Des frappes aériennes qui auraient tout changé
Le rôle de l'armée française et particulièrement du général Bernard
Janvier, qui commandait les troupes de l'ONU en Bosnie en 1995, avait
été très critiqué en 2001 dans un rapport parlementaire de l'Assemblée
nationale qui examinait l'hypothèse d'un accord entre Paris et le
général Mladic. En l'absence de résistance de quelques centaines de
casques bleus hollandais dépourvus d'armes lourdes, des milliers de
miliciens serbes avaient envahi l'enclave musulmane, pourtant déclarée
«zone de sécurité» par les Nations unies.
La mission d'information parlementaire reprochait au général Janvier
d'avoir «commis une erreur» en refusant de déclencher des frappes
aériennes qui auraient pu empêcher les troupes de Ratko Mladic de
s'emparer de Srebrenica. «La mission d'information est convaincue qu'en
effectuant des frappes massives sur la route sud, la seule qui menait à
Srebrenica, l'ONU et l'Otan auraient pu arrêter l'offensive», estiment
les auteurs du rapport.
Rencontre Janvier-Mladic en juin 1995La commission a cependant écarté, «à la majorité de ses membres»,
l'hypothèse selon laquelle cette absence de frappes pourrait avoir été
négociée au préalable entre les Serbes de Bosnie et Paris afin d'obtenir
en juin 1995 la libération de centaines de casques bleus, notamment
français, pris en otage. La conviction de la majorité des membres de la
mission d'information est «qu'il n'y a pas eu d'accord secret entre les
généraux Janvier et Ratko Mladic, a fortiori entre les autorités
françaises et serbes», lisait-on dans le rapport.
La mission admettait cependant que toute la lumière n'avait pas été
faite sur cet épisode et relevait que le général Janvier avait bien
rencontré Ratko Mladic le 4 juin 1995 à Zvornik en Bosnie, épisode qui
devrait être évoqué au procès.
Un document rendant compte de l'entretien, transmis à l'ONU à New
York le 15 juin, rapporte que la «République serbe ne menacera plus la
vie ou la sécurité des membres de la Forpronu» et que «la Forpronu
s'engage à ne plus faire usage de la force qui conduit à l'utilisation
des frappes aériennes». La France, qui a perdu 56 soldats en Bosnie,
n'était pas la seule à être stigmatisée dans ce rapport, qui dénonçait
l'impuissance de toute la communauté internationale en Bosnie.